Mon physique

Lysander est un jeune homme ayant dépassé la vingtaine, de taille moyenne, à la silhouette filiforme et souple. Il sait se faire discret quand c’est absolument nécessaire, mais n’est pourtant pas particulièrement aidé par la nature. Une peau pâle comme la mort digne de ses origines providenciennes, il laisse généralement un souvenir indélébile à ceux qui le croisent. Ses cheveux couleurs de feu, désordonnés la plupart du temps, et suffisamment longs pour qu’il se permette de les nouer en une queue-de-cheval simple. Sous cette étrange tignasse rousse, on distingue une paire d’yeux bleus comme l’océan. Très expressif, Lysander fait souvent l’effet d’un livre ouvert : s’il arrive généralement à contrôler son corps à la perfection, son visage trahit la moindre de ses pensées, la moindre émotion.

Il n’est pas musculeux, bien au contraire : il est maigrichon, faible. Souvent couverts de bleus, griffures et autres blessures, dû notamment à sa peau un peu fragile, marquant vite, et à sa propension à se faire régulièrement tabasser. Son corps semble incapable de s’engraisser et il aurait presque l’air malade. Fin comme une asperge et léger comme une plume, il est évident que le combat – du moins, la bagarre – n’est pas son point fort. Il s’est fracturé les os plus de fois que nécessaire, et est à peine capable de soulever ses propres affaires. Non, décidément, il n’est pas un guerrier ni un aventurier, et est plus proche de la demoiselle en détresse que du prince charmant. Sa principale force réside dans son extrême souplesse et agilité. Il est en effet le genre de personne capable de se faufiler partout, de se contorsionner dans des positions à peine humaines, de se dissimuler dans la moindre petite cachette improbable, et d’escalader presque n’importe quoi – à condition de n’emporter sur son dos que le strict nécessaire. C’est par ailleurs ainsi qu’il construit sa vie. C’est un fuyard, esquivant perpétuellement le danger en emportant sur son dos le minimum syndical.

En ce qui concerne ses préférences vestimentaires, il est assez peu difficile. Il portera ce qu’il doit porter, ce qui est approprié à la situation s’il possède le nécessaire, et ce qu’on lui donnera et lui dira d’enfiler. La mode n’est pas quelque chose qui le passionne, loin de là. Il portera néanmoins souvent un chapeau, car c’est ainsi que les choses se font, et parce que cela dissimule suffisamment bien sa tignasse si flamboyante.

Mon caractère

Lysander est en pétard. Il est presque toujours en colère contre quelqu’un, voire contre le monde entier. C’est un gamin adulte, qui a grandi trop vite dans un monde trop violent et qui n’était pas fait pour lui. Il est émotif, violent, impulsif. Il veut tout, et il ne veut rien. Il déteste le monde entier, il veut le voir brûler, disparaître. Il veut écraser les autres, les dominer, tout en étant parfaitement conscient qu’il en est incapable. Il est presque incapable de contrôler ce qui sort de sa bouche, et est capable de passer sa vie à fuir les ennuis qu’il s’est lui-même attiré, que ce soit par stupidité, par négligence ou par provocation. S’il s’en sort – ou presque – à chaque fois, ce n’est pas parce qu’il est malin et fort, mais parce qu’il est très doué en fuite et particulièrement chanceux.

Il n’est pourtant pas bien méchant. Il veut faire le bien – du moins quand il n’est pas complètement ivre ou drogué – et il n’hésite pas à venir en aide aux autres. C’est un enfant capricieux mais empli d’espoir, qui ne rêve que d’une vie meilleure. C’est le genre de bonhomme contradictoire qui tape sur tout ce qui bouge mais qui a le cœur brisé quand il blesse quelqu’un. Il aime les enfants, les animaux, il est curieux et avide de connaissances. Trop curieux peut-être. Il pose toujours les mauvaises questions, au mauvais moment : les pieds dans le plat, mais il a sauté à pied joint. Il est difficile pour lui d’être constant, et il a du mal à s’attacher aux choses et aux gens, car il sait qu’un jour il jouera de malchance et que tout sera fini, pour tout le monde.

Il est manipulable. Il sait qu’il se fait avoir souvent, mais il accorde encore sa confiance au premier venu. Il a trop d’espoir, trop d’envie, et trop de peur. Il se laissera faire, car il ne se rend compte des choses que bien trop tard. Quiconque de normalement constitué est généralement capable de le mettre à terre sans trop d’effort, à condition de l’attraper. C’est à se demander comment il fait pour ne pas encore être en prison, ou six pieds sous terre. Mais même dans ce corps d’adulte, il reste un enfant naïf, qui ne recherche qu’un peu d’affection, de confort, et un repas chaud. Tout en refusant de l’assumer et en ayant – du moins il le pense – une façade d’homme dur et méchant. Il est toujours assailli de milles émotions ; colère, peur, envie, jalousie, amour : tout prend toujours le dessus avec une violence difficilement soutenable. Il n’est qu’un appât, un asticot se tortillant au bout d’une canne à pêche, qu’on déplace à l’envie, et qui est furieux face à l’océan.

Mon histoire

La vie de Lysander est tumultueuse, signe d’une puissance supérieure s’acharnant sans merci sur sa pauvre existence. Il n’a que pas ou peu de souvenirs de son enfance, souffrant d’une amnésie partielle. Il n’a gardé de cette période qu’une simple impression de nostalgie, et quelques images subliminales qui semblent lui revenir de temps à autres, pour mieux lui échapper. Quelques fleurs blanches, une femme aux cheveux semblables aux siens – sa mère, probablement ; la douceur d’une caresse délicate sur le haut de sa tête, la sécurité d’une sieste au coin du feu. Et un sentiment de peur terrible et d’angoisse constante. Ses premiers réels souvenirs n’émergent qu’après plusieurs années de vie, où ses seules certitudes demeurent son prénom, Lysander, et son âge : six ans.

Six ans, l’âge où il dût apprendre à vivre seul dans la rue, tantôt brinquebalé de rue en rue, tantôt aidé, tantôt méprisé. Une vie sauvage de débrouille dans les rues de la capitale. Une vie difficile, qui le poussa bien vite, bien trop vite, dans les bras de la délinquance et des menus larcins. Rien de tel qu’un enfant affamé pour faire les petites courses de tout le mauvais monde, n’est-ce pas ? D’abord pris sous la coupe d’une petite bande d’idiots des rues, il se montra un élève assidu et motivé par l’appât du gain : il aurait fait tout et n’importe quoi pour survivre. Il apprit à se cacher, à ne pas se faire voir, et à courir vite. Des petites bandes de jeunes désœuvrés, il évolua dans les secteurs encore plus mal famés. Plus il grandissait, plus les tâches qu’il effectuait était illégales. Il dévala la pente d’une jeunesse de vol à l’étalage à une adolescence de petits trafics, jusqu’à être pris dans un filet d’ennuis inextricables.

Chantages, vols, menaces et raclées occasionnelles devinrent bien vite son quotidien. Il se laissa convaincre et manipuler, se déplaçant dans les basses sphères des mauvaises mafias, encore naïf et intéressé par les promesses d’une vie meilleure. Mais la vie n’était pas meilleure. S’il y avait plus d’occasions de dormir avec un toit sur la tête, ce n’était qu’en échange de basses besognes toujours plus périlleuses et desquelles il revenait rarement satisfait. Dormant dans des hôtels, auberges, planques ou chez des passeurs de marchandises diverses et peu légales, il menait la vie d’un saltimbanque, mais sans l’admiration des foules : lorsqu’il s’extirpait avec élégance – et à grand renforts d’acrobaties – c’était sans panache, sans applaudissements. Il était le jeune garçon utile, mais dispensable. Un outil, qu’on n’aurait eu aucun remord à jeter s’il avait eu la mauvaise idée de se casser ou de moins bien fonctionner. Mais au moins, il eut l’occasion de perfectionner ses atouts : il était léger comme une brindille, mais savait se laisser porter par le vent, et disparaitre rapidement.

Il y avait deux certitudes dans cette vie macabre. Il n’était absolument pas fait pour ça, et il n’avait aucun autre projet d’avenir. Il n’était pas fait pour ça, car il avait le cœur trop léger, trop peu accroché. Il était trop bon, trop généreux, et trop niais. Il était crédule, aisément manipulé, et quiconque le connaissait un peu savait qu’il n’y avait pas beaucoup de pression à lui mettre dessus pour qu’il s’écrase. Ce n’était qu’un chien, un animal serviable et obéissant. Il développa ses talents du mieux qu’il le put, se découvrant une vocation de gymnaste bien plus que de guerrier. Pratique, lorsqu’il fallait se dissimuler ou échapper à ses poursuivants. Difficile lorsqu’il était acculé et qu’une dispute entre gangs lui tombait sur le coin de l’œil. La plupart du temps, il ne s’en sortait que par miracle, comme si l’Horloger lui avait offert une vie misérable, difficile et douloureuse, mais incroyablement longue. Au fil des années, c’est ainsi qu’il fut connu dans ce milieu de brutes manipulatrices : Lucky Dog.

Il avait dix-neuf ans quand il affronta la mort de plein fouet. Quand il regarda dans les yeux un homme qui voulait le tuer, et qu’il enfonça sa dague dans son cœur, sans même comprendre comment il y était parvenu. Quand il vit la stupeur sur le visage de sa victime, et la lumière s’éteindre dans ses yeux. Quand il fut inextricablement emmêlé dans cette toile de gangs et de mafia. Et quand il comprit qu’il devait s’en échapper dès que possible. Ce n’était pas une chose aisée. Il avait des dettes, des liens, des informations. Rien qu’on laisserait partir sans représailles. En parallèle, il devenait meilleur. Sans que ce soit particulièrement voulu, ou recherché. Ce n'était qu'une habitude, une conséquence de son train de vie précaire. Une nécessité. La condition de sa survie.
Trop tôt, trop idiot. Sa première tentative de fuite fut un échec qui lui valut de passer les plus mauvaises semaines de sa vie entre les mains d’un de ses supérieurs au caractère… vengeur. S’il s’en échappa, ce ne fut encore une fois qu’un coup de chance malheureux, lorsque ce dernier fut assassiné par un rival, et qu’il profita de la cohue pour se libérer et s’échapper, se faufilant hors de la vue des assaillants. Sans fracas, sans bruit, sans autre qualité que son agilité. Et sa chance.

Sa seconde fut un succès, si l’on peut l’appeler ainsi. Il avait vingt-deux ans, et il s’enfuit en laissant tout derrière lui. Du moins, tout ce qu’il pouvait. Deux années. Deux années qu’il avait plus ou moins quitté cette vie malsaine, et qu’il faisait tout pour l’oublier. Manigances et manipulations, il n’était jamais complètement parti, n’est-ce pas ? Il ne pouvait pas. C’était impossible d’oublier. Impossible de briser ces liens invisibles, cette toile d’araignée dans laquelle il s’était emmêlé. Il savait. Il savait que même s’il trouvait un travail temporaire de temps à autres, et qu’il menait une vie presque honnête, il savait. Il savait qu’ils étaient toujours là, dans son ombre. Prêt à le récupérer, ou à lui apprendre qu’on ne les quittait pas impunément.

Mes caractéristiques