Irrésistible. C’est assurément la réponse que vous sortirait cet homme à l'assurance indécente. Parce que oui, monsieur est persuadé avoir absolument tout ce qu’il faut pour faire tomber n'importe quelle femme dans ses bras au premier clin d’œil. Mais ne nous emballons pas, puisque tout ceci est parfaitement subjectif.

Alors certes, il n’est de prime abord pas désagréable au regard. Mais par pitié, ne lui en dites rien, je vous assure qu’il n’en a pas besoin. Un physique athlétique et une taille qui lui permet de voir au loin, ce n’est pas difficile de deviner qu’il passe la plupart de son temps à l’extérieur. Un corps forgé par une vie rude, qui lui a permis d'endurer bien des coups. Sa peau, en accord avec ce rythme de vie à parcourir les routes, arbore un teint hâlé, autant par les nombreuses heures passées sous les rayons du soleil que par son patrimoine génétique.

En y regardant de plus près, vous ne pourrez manquer son regard. Plus que la couleur sombre de ses yeux, c’est indéniablement leur expressivité qui marquera les esprits. Impossible pour lui de cacher ce qu’il peut réellement ressentir tant ils reflètent le plus profond de son âme. Est-il heureux ? Ils vous transmettront toute la joie qui l’habite sans la moindre difficulté. Est-il frustré ? La tension qu’ils vous renverront aura de quoi vous mettre mal à l’aise. Avez-vous un bonnet supérieur à la moyenne ? Hum, nan, dans ce cas-là vous aurez probablement du mal à croiser son regard… Mais je m’égare.

Un autre signe distinctif vient de son avant-bras gauche, entièrement remplacé par une prothèse mécanique, allant du haut de l'articulation jusqu'au bout des doigts. Un héritage récent mais ne vous fiez pas à ses mouvements parfois encore maladroits. Il a très vite compris l’avantage de cette prothèse pour les rixes de bar.

Pour le reste, rien d'exceptionnel chez ce garçon. Des cheveux bruns, souvent emmêlés, qui s’accordent sans problème avec le reste de son look de cow boy. Une barbe entretenue quand il y pense, c’est à dire peu souvent. Un style vestimentaire qui doit principalement répondre à une exigence de confort pour l’accompagner dans ses nombreux périples. Mais aussi être peu remarquable, pour éviter que les autorités ne posent trop facilement les yeux sur lui. Des exigences qui peuvent être totalement bouleversées si, pour la réalisation d’un nouveau plan bancal pouvant lui rapporter gros, il venait à se rendre dans une quelconque soirée mondaine. Mais cela reste suffisamment rare pour ne pas donner davantage de détails.

Enfin, si pour x raisons (ou pour une raison x) vous veniez à pouvoir admirer son corps débarrassé de toutes ces couches de tissu, de nombreuses cicatrices viendront attester d’une vie mouvementée. Se sortant rarement indemne de toutes les situations à risque dans lesquelles il vient régulièrement se fourrer, vous pourrez apercevoir ces différents stigmates qu’il exhibe comme de véritables blessures de guerre. Un conseil, tout d emême évitez de croire tous ses récits épiques sur parole, ils sont très souvent agrémentés de nombreuses détails inventés.

C’est ici où on peut se laisser aller en matière de défauts ? Parce que jusque-là, je trouve que j’ai été assez cool. Il faut bien compenser à un moment. Et puis vous savez ce qu’on dit, les gens parfaits sont affreusement chiants. Eh bien, je peux vous assurer qu’avec ce gars-là, on ne s’emmerde pas ! Déduisez-en ce que vous voulez.

Plus sérieusement ? C’est un fêtard invétéré. Chaque occasion de s’amuser, picoler, danser, chanter est bonne à prendre. D’ailleurs, si vous le cherchez en soirée, fouillez les établissements de boissons et de jeux, c’est encore dans ces endroits que vous aurez le plus de chance de le trouver. Les jeux, d’argent évidemment, voilà l’une de ses principales addictions. Luis ne manquera jamais une occasion de lancer un pari et attention, s’il a des cartes ou dés en main, vous pouvez être à peu près sûr qu’il s’apprête à tricher. Si ce n’est pas déjà fait. Il est plutôt doué pour les tours de passe-passe en tous genres.

Et quelle meilleure façon de terminer la nuit qu’aux côtés d’une charmante demoiselle aux courbes gracieusement dessinées ? Demoiselle, ou dame d’ailleurs. Cet homme-là n’a que faire de votre statut marital. Parce qu’il n’a pas l’intention de vous passer la bague au doigt. Oh non, ne jamais rien prendre au sérieux est une autre de ses fâcheuses manies. Se contenter de prendre la vie comme elle vient est bien plus amusant que de s’embêter avec des plans d’avenir tout tracé correspondant aux bonnes mœurs. Les mariages, oui, mais chez les autres ! Quand il peut s’inviter prendre un godet, grappiller les petits fours et draguer au détour d’une danse. Sûrement pas dans le rôle de celui qui s’apprête à se passer les menottes !

Attention. N’allez pas croire pour autant qu'il est un simple d’esprit. Si on ne pourra jamais qualifier cet homme comme un fin stratège, ses capacités de réflexion savent être exploitées correctement lorsque la situation l’exige. C’est à dire lorsqu’il se retrouve dans une situation périlleuse suite à une nouvelle idée bancale pour renflouer ses poches constamment vides. Parce qu’en plus de se lancer tête la première dans les ennuis, il a une malchance incroyable. Raison pour laquelle il a très vite appris à truquer les parties de cartes, oui. Que voulez-vous, quand on sait avoir constamment la main la plus faible, il faut s’adapter.

Et l’adaptation est indiscutablement l’un de ses points forts. Hyper sociable, souriant, toujours le mot qu’il faut, Luis est de ces hommes possédant une aura brillante comme un soleil. Il attire les regards sans avoir à se forcer. Sa gestuelle quelque peu exagérée aide sûrement, je vous l’accorde. Tout comme sa voix portante qui lui permet d’être immédiatement écouté à peine prend-il la parole. Dommage que ce soit plus souvent pour raconter des blagues graveleuses que pour apporter la solution idéale à tous les problèmes qui lui tombent sur le coin du nez.

Il pourrait être un très bon leader s’il n’était pas à ce point borné et tête brulée. Quand il a une idée en tête, inutile d’essayer de lui en faire changer. Cherchez plutôt un moyen de limiter les dégâts, ce sera plus rentable. Indécrottable utopiste, Luis est un amoureux de la liberté individuelle mais possède surtout un goût mortel pour l’aventure. Mortel oui, puisque son envie de nouveauté, sans cesse renforcée par une fierté purement masculine, l’amène sans cesse à vouloir repousser toutes les limites. Additionné à ses décisions souvent impulsives avec sa tendance à trainer dans des endroits peu recommandables, vous obtiendrez de trop nombreuses mauvaises rencontres, qui lui ont valu des embrouilles dont il ne s’est pas toujours sorti indemne.

Aucune barrière ne saurait être infranchissable pour cet esprit libre. Et surtout pas celles érigées par les bien-pensants ou autre quelconque autorité. Un petit côté rebelle qui a tendance à le faire se montrer impertinent, aimant aller à l’encontre de toute règle préétablie, pour le seul plaisir de contredire la société. Rire au nez des nobliaux qui plongeront tête la première dans ses innombrables farces (avant d’en profiter pour récupérer tous leurs objets de valeur bien évidemment) est probablement son activité favorite. Et pour ça, je vous assure que ce garçon ne manque pas d’imagination !

Ce large sourire insouciant affiché au quotidien n’a pas toujours été présent sur le visage de Luis. Il faut dire que la vie ne s’est pas montrée des plus clémentes avec ce garçon. Avant de s’endurcir pour devenir le frondeur actuel qu'il est, le petit en a passé des heures les yeux rougis par les larmes. Pourtant, les souvenirs de son enfance passée dans les couloirs de cette maison des plaisirs à Serenity Hollow, il ne les échangerait pour rien au monde. Principalement en raison de la présence des deux personnes les plus importantes dans sa vie.

Sa mère tout d’abord. Une femme de joie, caibos, qui n'a pas eu davantage de chances que son rejeton. Pourtant, jamais il ne l’a vue pleurer. Au contraire, elle réussissait constamment à l’illuminer de son sourire. Etait-ce ce qui avait charmé son père à l’époque ? A moins que ce ne soient ses yeux, si sombres et si éblouissants à la fois ? Fils unique, sa mère a été la seule famille qu'il a connu, les questions sur son géniteur étant classées secret défense.

L'absence de figure paternelle, Luis s’y est bien fait. Il faut dire que des hommes, il en passait régulièrement dans cet établissement. Et la matrone avait beau être une femme, sa poigne de fer et ses remontrances fréquentes firent très vite figure d’autorité suprême sur le petit garçon déjà plein de vie et à l’envie d’exploration sans limites qu’il était.

Son enfance, c’est également la période à laquelle Luis développa une grande fierté envers ses origines. Un produit 100% issu de l’archipel d’Acaibo ayant grandi à New Providence, ces deux cultures se sont habillement mêlées en lui. Tous les soirs, sa mère lui contait les histoires de son peuple, laissant l’imagination du petit se développer au fil de ses récits. Mais ce qu’il aimait le plus, c’est lorsqu’elle chantait. Sa passion pour la musique, si certains diront qu’elle coule dans ses veines de par ses origines, lui vient également de la résonnance de cette voix cristalline aux notes vibrantes, qui arrivait à venir à bout de chacun de ses chagrins.

La seconde personne qui marqua ses premiers souvenirs fut une fillette répondant au nom de Rosamar, à peu près de son âge, qui a également grandi dans cet établissement. Le même environnement peu recommandé pour le bon développement des enfants et des origines ethniques similaires, ce n’est pourtant pas uniquement pour ces raisons purement rationnelles qu’il s’est senti proche d’elle. Non, ce qu’il aimait chez elle, c’était sa capacité à s’évader de cette maison. La facilité avec laquelle il pouvait laisser libre court à cette imagination débordante et à ses envies d’ailleurs en sa présence.

Sa soif de liberté ne s’est jamais émoussée malgré les nombreuses corvées qu’il lui fallait réaliser au quotidien pour pouvoir rester auprès de ces deux femmes à l’importance capitale pour son épanouissement personnel. Des corvées qui, accompagné de Rosamar, prenaient vite des allures de simples activités finalement pas si rébarbatives.

Ah, l’adolescence. L’enfant grandi, son corps change, sa façon de considérer toutes ces femmes qui évoluent autour de lui également. C’est ce qui se passe lorsque les hormones se mêlent de la partie. Inévitablement, Luis fut promptement poussé vers la sortie à cette époque. La séparation a été douloureuse malgré ses envies de voyages et de découvertes du monde extérieur. Heureusement, il n’a pas été difficile pour lui de dégotter un job dans le ranch tenu par l’un des habitués de la maison, situé en bordure de Serenity Hollow. Ce qui lui permettait de revenir très régulièrement voir sa mère et Rosamar.

C’est à cette période qu’il développa son amour pour l’alcool, les jeux d’argent et les plaisirs de la chaire. Ces années non plus ne furent pas des plus simples. Levé aux aurores pour s’occuper du bétail, des journées entières passées à cheval, parfois obligé d’écarter les bêtes sauvages qui rodent dans les plaines d’émeraudes, sa constitution physique s’est rapidement développée.

Alors une fois le soir tombé, il a très vite appris comment décompresser. Indispensable pour tenir sur le long terme d’après les plus anciens. Il descendait donc joyeusement ses verres de whisky « comme un homme », tout en riant aux blagues graveleuses qui ne manquent pas dans ce milieu. Il apprit également à regarder les femmes d’un œil nouveau et finit par expérimenter, à son tour, ce que les hommes qu'il croisait auparavant venaient chercher dans la maison où il a grandi.

Mais l’insouciance et la bonne humeur qu’il affichait au quotidien ne le mirent pas à l’abri des nombreuses dérivent qui ont lieu dans le milieu. Bien au contraire. Son incapacité à gérer convenablement l’argent gagné lui valurent très vite des ennuis qui dépassent largement ce qu’un garçon avec peu de poils au menton peu réellement entrevoir. Pourtant, des passages à tabac en bonne et due forme, il en a aussi connu. Ils lui apprirent à se battre et à encaisser, certes, mais aussi à chercher de nouvelles combines pour éviter ces moments désagréables. Oh, il ne manquait pas d’imagination ni d’audace lorsqu’il s’agissait de se jouer de tous les pillards qui passaient inévitablement dans le coin. Mais bien sûr, on ne peut réussir à tous les coups.

Un homme avec qui on ne plaisante pas. Mais comment Luis aurait-il pu deviner qu’avec celui-ci, on ne disait pas non ? Par les nombreuses mises en gardes de ses collègues, certes. Pourtant, en bon utopiste qu'il était déjà, il voulait prouver pouvoir repousser les méchants à lui seul. Une ambition trop importante assurément au vu du résultat déplorable pour son visage. Seule son audace lui permit de pouvoir rejoindre les rangs de ces hors-la-loi sans cœur plutôt que d’aller nourrir les asticots.

Il découvrit alors toute la partie la plus sombre que peut renfermer l’humanité. Luis ne s’est paradoxalement jamais senti à sa place dans ce milieu où seule la loi du plus fort régnait. Pourtant, il faut reconnaître que ces hommes, aussi pourris soient-ils, lui ont appris énormément sur la vie. Et s’il s’en sort aussi bien aujourd’hui, c’est très probablement grâce à tous les stratagèmes qu’il a pu apprendre à ce moment. Si les différentes combines mises en place pour renflouer la trésorerie (ou plutôt les poches du chef de gang) ne lui posaient aucun problème moral, « éliminer la concurrence » était en revanche une partie beaucoup moins gérable pour ce cœur tendre. Et par concurrence, j’entends toute personne présentant un obstacle, plus ou moins grand, au gang.